Région 

Cette forêt de feuillus située au sud du département des Pyrénées-Orientales, dans la SER (sylvoécorégions) J21 du Roussillon et plus précisément dans le secteur des Aspres. 

Les Aspres forment les premières élévations jusqu’à 1348m (Mont Sainte-Anne) à l’est du massif du Canigou, appartenant à la chaîne des Pyrénées, et se trouvent positionnées entre la plaine du Roussillon et les régions naturelles du Vallespir, correspondant à la vallée du Tech, ainsi que du Conflent, associée à la vallée du Têt. 

Entre 1980 et 1990, la surface boisée des Aspres a connu une augmentation significative de 4 257 hectares, représentant 46,7% de la surface forestière, ce qui a porté le taux de boisement à une augmentation de 17,3%. Actuellement, la forêt couvre 13 367 hectares, soit 51,8% de la surface totale de la région. La composition des forêts des Aspres est majoritairement constituée de feuillus, à hauteur de 93,6% (principalement le chêne vert, le chêne-liège, et le chêne pubescent), tandis que les résineux, notamment le cèdre de l’Atlas et le pin sylvestre, ne représentent que 6,4%. Bien que la majorité de la forêt soit productive, offrant du bois et d’autres ressources comme le liège, 5,5% de la surface forestière est située dans des zones à risques telles que les crêtes, les pentes très fortes, ou d’autres secteurs sensibles à l’érosion et aux éboulements. 

L’histoire agricole et forestière des Aspres, région du Roussillon, se caractérise par des traditions et une économie locales centrées sur la viticulture, l’oléiculture, et une activité unique : la récolte du liège. Dans cette région où prédominent les terrains caillouteux, la culture de la vigne et des oliviers a longtemps façonné le paysage, produisant respectivement des vins robustes et des huiles d’olive de qualité sous un climat propice méditerranéen. La forêt des Aspres, riche en chênes-lièges, a permis de développer la récolte du liège, une pratique durable qui, malgré les fluctuations du marché, reste emblématique de l’identité régionale. Ce matériau naturel, récolté à partir de l’écorce des chênes-lièges, est un produit renouvelable et durable, dont la région a su tirer parti depuis des siècles. La levée du liège, pratiquée de manière traditionnelle, se fait sans nuire à l’arbre, qui peut produire du liège tout au long de sa vie. 

Cette activité, ainsi que l’agriculture, a eu un impact significatif sur le paysage, favorisant la biodiversité et soutenant l’économie locale par la création d’emplois. En somme, la viticulture, l’oléiculture, et la récolte du liège sont les fondements d’un patrimoine culturel et économique qui définit les Aspres, illustrant l’habileté humaine à exploiter les ressources naturelles spécifiques à cette région naturelle. 

Cette Forêt située au sud-ouest des Aspres proche de la commune de Oms, est bien desservie en étant accessible au nord par une route départementale et au sud par deux chemins carrossables. 

Situation 

Cette propriété forestière située à seulement 20min de l’autoroute A9 est localisée : 

À 15 min de Céret, 

25 min de Thuir 

35 min de Perpignan,  

1h de Narbonne, 

2h de Montpellier 

Climat 

Le climat des Aspres varie principalement avec l’altitude et la distance à la mer, offrant une transition entre le climat méditerranéen du Roussillon et le climat montagnard du Canigou. L’exposition et la morphologie des versants jouent un rôle crucial dans les différences climatiques locales, où un versant nord peut présenter des caractéristiques très distinctes d’un versant sud à la même altitude. Cette région connaît un phénomène d’opposition de versants, accentué par la forme des versants (concave ou convexe), qui influence la température et l’humidité. 

Les Aspres se situent entre les isothermes annuelles de 14°C et 10°C, avec des températures diminuant du Nord-est au Sud-ouest et des amplitudes thermiques importantes dues à une faible nébulosité. Le nombre de jours de gel varie de 20 à 60 de novembre à mars, en fonction de l’altitude. Les précipitations, quant à elles, sont inégales tant en distribution qu’en quantité, augmentant avec l’altitude et concentrées principalement en automne dans les zones basses, avec un déficit hydrique estival marqué qui s’atténue en montant en altitude. Les orages d’été, bien que fréquents, contribuent peu à l’hydratation de la végétation en raison du ruissellement des eaux. En hiver, les précipitations peuvent prendre la forme de neige, y compris en plaine lors d’épisodes brefs, mais marquants. 

Les vents dominants incluent la tramontane, un vent du Nord-ouest froid et sec, et le marin, un vent du Sud-est qui peut être violent et est souvent porteur de pluie et d’humidité. Ensemble, ces éléments climatiques façonnent le paysage et l’écologie des Aspres, avec des secteurs sud humides favorables à la forêt et des secteurs nord plus secs, témoignant de la complexité et de la diversité climatique de cette région.  

Pédologie 

La région étudiée présente une géologie dominée par quatre types de matériaux : schistes et micaschistes formant le cœur de la zone, matériaux détritiques du Pliocène au sud-est et au nord-est, ainsi que des calcaires durs dans des secteurs clés tels que Castelnou, Camélas et le mont Hélène. Ces matériaux résultent de l’érosion des massifs montagneux à la fin de l’ère tertiaire et se composent de gneiss, granites, schistes et parfois de calcaires. 

La composition des sols de cette région est fortement influencée par sa géologie sous-jacente. Les schistes et micaschistes décomposés donnent naissance à des sols limoneux et sablonneux, parsemés de cailloux plats, tandis que les zones calcaires favorisent la formation de sols argileux. L’orientation des versants modifie également les caractéristiques pédologiques, avec des sols plus profonds et frais sur les versants nord, contrastant avec les pentes sud, plus sèches et pierreuses. Cette distinction est exacerbée par la topographie, avec des sols superficiels et pierreux sur les pentes abruptes orientées sud, et plus profonds et meubles dans les zones moins inclinées et orientées nord. 

Descriptif technique  

Cette forêt se décline en deux principaux tenants : 

– Les parcelles forestières situées dans la partie nord se regroupent en trois zones adjacentes, couvrant une superficie totale d’environ 11 hectares. Ces parcelles sont bordées au nord sur 400 mètres par une route départementale, et bénéficient au sud d’un accès via un chemin carrossable, facilitant ainsi leur accessibilité. L’orientation principale de ces parcelles est au nord, ce qui est une bonne chose en termes d’exposition solaire. 

Les peuplements de ces trois zones sont dominés par le Chêne-liège, caractérisé par des diamètres, allant de 15 à 40 cm, et une hauteur variant de 5 à 12 mètres. À côté du Chêne-liège, on trouve également des Chênes verts disséminés à travers les parcelles, ajoutant à la diversité biologique de la forêt. En outre, sur une zone d’environ 1 hectare l’on trouve du Châtaignier. Ces parcelles présentent une inclinaison moyenne de 20%. 

– Situées à une distance de 150 mètres au sud de la première zone mentionnée, deux parcelles s’étendent sur une superficie totale de 3,3 hectares, formant un seul tenant. Cette zone bénéficie d’une exposition sud-est. L’accès à ces parcelles est facilité par une piste qui les traverse en leur centre. 

Les peuplements sur ce tenant sont dominés par le Chêne-liège, présentant une hétérogénéité en termes de diamètre, qui varie de 10 à 30 cm avec une hauteur de 2 à 8m. Ces Chênes-lièges constituent l’essentiel de la couverture forestière. En complément, on retrouve aussi quelques Chênes verts épars. Ces parcelles ont une pente de 20% de part et d’autre de la piste. 

Avis consultant 

Cette forêt principalement peuplée de Chêne-liège présente une opportunité économique intéressante, principalement due à la récolte du liège dans les suberaies, et en moindre partie à l’exploitation du bois de chauffage du chêne vert. Car les principales activités économiques de la région reposent sur ces ressources, avec la présence d’industriels du liège ayant leur siège au Boulou ou à Céret, ainsi que des exploitants locaux en bois de chauffage. 

Les interventions sylvicoles recommandées pour valoriser ce type de forêt comprennent des éclaircies légères visant à sélectionner les arbres d’avenir, l’élagage de certains arbres et la levée du liège. Lorsque le couvert est clair et le sous-bois à base de bruyères devient dense, un débroussaillement mécanique est alors suggéré. Ces actions visent à remettre en valeur des peuplements souvent négligés au fil des années. 

En termes de production en volume par hectare et par an, cela reste plutôt faible sur ce type de station, le modèle économique ne doit pas être basé uniquement sur la récolte de bois de chauffage. Toutefois, des coupes d’éclaircies pourront générer des petits revenus de vente de bois de chauffage, ou alors servir pour de l’autoconsommation. Il est important de noter que la qualité du liège récolté peut être affectée par divers facteurs, nécessitant ainsi une première levée de liège (démasclage) comme intervention de valorisation. Les récoltes suivantes de liège se feront tout les 10 à 15 ans, en fonction de la croissance du liège. 

En conclusion, l’investissement dans une forêt de chêne-liège, tout en nécessitant des interventions sylvicoles ciblées pour la remise en valeur des peuplements, offre des perspectives économiques intéressantes grâce à la diversité des utilisations du bois de chauffage et du liège, ainsi qu’à l’importance du secteur industriel du liège dans la région.